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MADEMOISELLE ALEXINA TINNÉ
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cision de leurs contours supprime la sensation de la distance. À midi, par la chaleur brûlante, le silence de la nature égale celui des forêts vierges du nouveau monde ; mais dès qu’on sent la fraîcheur du soir, et que ce crépuscule lumineux qui est la beauté des nuits de l’Afrique centrale enveloppe doucement le merveilleux tableau, alors la vie se réveille soudain sous ses innombrables formes : les oiseaux et les papillons se croisent dans l’air, les singes jasent joyeusement et sautent de branche en branche. Tous les bruits qui s’élèvent : bourdonnements, chants et murmures, voix du grand fleuve, sifflements des insectes, hurlements des bêtes sauvages, semblent se confondre dans une grandiose harmonie, un hymne d’action de grâces, qui s’apaise lorsque la nuit s’avance ; les nuées de mouches lumineuses et de vers luisants allument alors leurs petits fanaux et créent soudain une magique illumination, tandis que l’atmosphère se charge des suaves senteurs exhalées par les corolles des plantes qui ne s’ouvrent qu’aux heures fraîches et tranquilles de la nuit.


Sur le Nil.

Cette nature merveilleuse, avec sa nouveauté et son magique éclat,