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Ce tour du monde en famille, qu’il nous faut abandonner enfin, n’est pas le seul voyage de lady Brassey. En 1874, elle accompagna son mari dans une expédition aux régions arctiques mais elle n’en a pas donné la relation. À leur retour, les infatigables voyageurs partirent pour l’Orient et visitèrent Constantinople. En 1878, ils firent une seconde excursion dans la Méditerranée, et revirent dans la saison des orages ces beaux pays qu’ils avaient admirés sous le soleil ; ils explorèrent l’île de Chypre, qui venait de passer sous le protectorat britannique. Le livre où lady Brassey raconte ses promenades dans la Méditerranée et l’Archipel[1] a les mêmes qualités que son premier ouvrage : la même simplicité et clarté de style, sans aucune prétention, la même vivacité à saisir des aperçus qui ne dépassent pas la surface ; mais il n’a ni le même intérêt ni la même valeur. Les pays dont elle parle sont si connus et ont été si souvent décrits, que la comparaison s’impose avec des ouvrages très supérieurs au sien.

Voici une courte esquisse de la ville d’Athènes qui ne manque pas de nouveauté :

« Nous nous fîmes d’abord conduire au temple de Thésée, le mieux conservé des temples antiques. Sa situation l’a préservé des bombes et des boulets ; mais le moyen âge, en en faisant une église, a contribué aussi à le préserver de la destruction. C’est un bel édifice, avec sa double rangée de colonnes, ses bas-reliefs et son toit parfaitement intact ; il renferme actuellement une intéressante collection d’antiquités, recueillies dans son voisinage. De là nous montâmes à l’Acropole, en passant devant l’observatoire moderne bâti sur la colline des Nymphes. Celle du Pnyx s’élevait à notre droite, et à gauche l’Aréopage, où prêcha saint Paul. Nous franchîmes les portes, et après avoir passé au milieu de débris de toute espèce : statues, bas-reliefs, colonnes, chapiteaux et frises, nous approchâmes des Propylées. Puis nous visitâmes le petit temple de la Victoire, entouré de grilles de fer et rempli des statues et des bas-reliefs les plus admirables, surtout deux danseuses, pleines de vie et de grâce. Après ce coup d’œil préliminaire, nous gravîmes les nombreux degrés, et, passant devant la Pinarthèque, nous nous trouvâmes au sommet de l’Acropole, jouissant de la vue complète de toutes ses gloires.

« D’un côté, nous voyions le splendide Parthénon ; de l’autre, l’Erechtheum et le portique des Cariatides, qui mérite son nom de

  1. Lady Brassey, Sunshine and storm in the East (Soleil et orage d’Orient).