Page:Chevalier - Les voyageuses au XIXe siècle, 1889.pdf/33

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


MADAME HOMMAIRE DE HELL


Mme Hommaire de Hell s’est acquis une juste renommée, non seulement comme voyageuse infatigable, mais en servant de collaborateur et de secrétaire à son mari dans ses travaux scientifiques[1]. Ses essais poétiques, quoiqu’ils ne soient pas dépourvus de mérite, sont tombés dans l’oubli auquel n’échappent que les génies supérieurs ; mais sa vie et son caractère méritent d’attirer l’attention.

Elle était née en Artois en 1819, et perdit sa mère de bonne heure ; la tendresse vigilante d’une sœur aînée suppléa à cette perte. Son père était un de ces hommes sur lesquels semble s’acharner une mauvaise chance ; il avait en outre un besoin perpétuel de changement qui lui faisait, sans motifs valables, déplacer continuellement sa résidence. Avant l’âge de sept ans, la petite Adèle avait déjà été transplantée de Franche-Comté en Bourbonnais, en Auvergne, et enfin à Paris, où elle fit son éducation dans un pensionnat. La mort de son père la replaça sous la tutelle de sa sœur, établie à Saint-Étienne. Peu de temps après son arrivée dans cette ville, elle eut l’occasion de rencontrer Xavier Hommaire de Hell, jeune ingénieur de l’École des mines, qui depuis est devenu un géologue célèbre. Quoique Adèle n’eût que quinze ans et qu’elle fût sans fortune, il n’eut pas un instant de repos qu’il n’eût obtenu de ses propres parents l’autorisation de l’épouser. Il était fort jeune lui-même (né en 1812)

  1. Mme H. de Hell, Voyage dans les steppes de la mer Caspienne. (Hachette.)