pêche. L’huile de poisson est un objet de grand commerce. On la
fabrique à Hammerfest dans un immense hangar, où, dit Mme d’Aunet,
le curieux n’a pas envie de retourner deux fois. Vers le mois de
septembre, les Russes partent les premiers, parce qu’il leur faut
regagner Arkhangel avant que les glaces ne leur en barrent le chemin.
Peu à peu le port devient désert, les nuits allongent, jusqu’à ce que
l’obscurité continue s’étende sur ce lugubre pays ; le froid descend
à 35 degrés au-dessous de zéro. Cependant Mme d’Aunet trouva plus
loin encore, tout près du cap Nord, une dernière habitation perdue
Type norvégien.
dans ce désert glacé. C’était celle d’un riche marchand norvégien
nommé Ullique, dont le père, en 1795, avait reçu deux jeunes étrangers
qui faisaient une excursion au cap Nord ; l’un de ces jeunes
gens, il l’apprit plus tard, s’appelait Louis-Philippe d’Orléans. La
famille Ullique avait conservé comme une tradition le souvenir de la
simplicité et de l’amabilité gracieuse du prince, et en avait gardé un
grand enthousiasme pour tout ce qui portait le nom de Français.
Mais le voyageur de 1795, devenu roi, n’avait pas oublié non plus
l’hospitalité norvégienne, et le navire français qui devait conduire
la commission scientifique au Spitzberg était chargé, pour le marchand
d’Havesund, d’un beau buste en bronze de Louis-Philippe,
souvenir royal qui fut reçu avec ravissement. Les jeunes filles de la
maison dépouillèrent, pour l’orner, leur petite serre, où, avec des
Page:Chevalier - Les voyageuses au XIXe siècle, 1889.pdf/73
Cette page a été validée par deux contributeurs.
63
MADAME LÉONIE D’AUNET