Page:Chevalier - Madame Th Bentzon.djvu/13

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déçus, ni désillusions ni ingratitudes ne pouvaient décourager « cette nature vraiment chevaleresque », mot aussi exact qu’heureux d’une autre de ses amies, Mlle Blaze de Bury.

Femme de lettres, elle le fut dans le sens le plus élevé, dédaignant la réclame bruyante, l’âpre arrivisme, mais voyant dans sa carrière la dignité de son existence, et jouissant, avec une juste fierté, d’un succès acquis sans intrigue, par un mérite qui s’était rapidement imposé. Jusqu’à son dernier jour, le travail qu’elle aimait lui a fait oublier de cruelles souffrances. La vanité et le pédantisme étaient toutefois étrangers à cette femme de vieille race et de grand esprit. Longtemps elle se dissimula derrière le pseudonyme à demi masculin de Th. Bentzon, que les lecteurs interprétaient « Théophile » ou « Théodore », s’imaginant que cette fermeté de style, cette solidité de pensée ne pouvaient être des qualités féminines.