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Page:Chevalier - Madame Th Bentzon.djvu/22

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douceur de se sentir revivre. Ensuite, c’est sa première soirée à l’Opéra où son parrain, le comte Alfred de Vitry, qui la gâtait fort, imagina, malgré les sages protestations maternelles, de l’emmener, à sept ans, voir un ballet nouveau, le Violon du Diable, fait pour bouleverser la cervelle d’une jeune personne qu’exaltaient déjà les marionnettes de la foire de Saint-Martin et les malheurs de Geneviève de Brabant.

Dans l’enfance d’une femme de lettres, il est surtout intéressant de suivre le développement de l’imagination. Saint-Martin possédait une bibliothèque où « derrière les rideaux de taffetas vert qui doublaient un fin grillage jadis doré, dormaient en paix les belles éditions anciennes ». On abandonnait à la toute petite Thérèse des volumes exquis du Cabinet des Fées, aux reliures délicates, et son premier plaisir fut de barbouiller de couleur les gravures précieuses, dont