Page:Chevalier - Peaux-Rouges et Peaux-Blanches, c1864.djvu/245

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Leur teint était bronzé, leur face osseuse, leur front bas, souvent déprimé, leur mine audacieuse. Des cheveux raides, hérissés, des barbes incultes ajoutaient encore à la dureté de leurs traits.

Au cou de plusieurs pendait un scapulaire ou quelque amulette indienne.

Quant aux Peaux-Rouges, leur vêtement se recommandait par une simplicité vraiment adamique : c’était, en tout et partout, l’auzeum, sorte de ceinture en écorce qui ceignait les reins et descendait à mi-cuisses. Ce qui ne les empêchait pas d’être supérieurement hideux ; car ils avaient une touffe de cheveux empanachée, dressée sur la tête, le visage couturé de balafres et peint des couleurs les plus étranges que tu te puisses imaginer, et la peau semblable à du vieux parchemin, quand elle n’était pas, elle aussi, bariolée de peintures bizarres.

Des casse-têtes, des tomahawks, espèce de pipe qui sert en même temps de hachette, des fusils, des couteaux des sabres et jusqu’à des baïonnettes annonçaient leurs intentions belliqueuses.

Tout cela avait piqué ses tentes près des nôtres, — tentes en peaux de bison, — et passa la nuit à boire et à chanter, car le Mangeux-d’Hommes avait fait donner d’abondantes rations de whiskey, ou sirop d’avoine, comme les Canadiens-Français ont baptisé cette détestable liqueur.

De toute la nuit je ne pus fermer l’œil, si grand fut