Page:Chevalier - Peaux-Rouges et Peaux-Blanches, c1864.djvu/244

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tualités peut être soumis un chétif chiffon de papier durant ce voyage de près de deux cents lieues !

Ici, c’est, au reste, le seul moyen de faire circuler les missives. Et l’on assure que ceux qui acceptent cette commission, trappeurs blancs ou trappeurs rouges, s’en acquittent avec une fidélité qui ferait honneur à nos facteurs européens. C’est un trait de mœurs que j’aime à signaler en passant.

J’avais, s’il m’en souvient bien, interrompu mon histoire à l’inhumation de Cadieux.

Nous étions alors à vingt milles de Fond-du-Lac.

Quand je rentrai au camp, je remarquai qu’il s’était grossi d’une quantité considérable d’hommes, appartenant à la plupart des nations du globe. Les blancs et les métis portaient le costume de voyageurs nord-ouestiers, c’est à-dire un méchant chapeau d’écorce de cèdre ou de paille de riz sauvage, tout pavoisé de rubans aux vives nuances. Une chemise grossière leur couvrait les épaules. Elle était en laine, coton, ou toile ; des fanfreluches en ornaient le devant. Une ceinture écarlate, bleue ou verte, un pantalon, dont des bottes en cuir de bœuf ou des mocassins recouvrent le bas, complètent l’ajustement, bigarré, chez plusieurs, de verroteries et de dessins en piquants de porc-épic.

Pour armes, les voyageurs avaient, en général, une longue carabine à la main et une hache, un couteau, parfois un ou deux pistolets passés dans la ceinture.