Page:Chevalier - Peaux-Rouges et Peaux-Blanches, c1864.djvu/107

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s’il n’eût eu les poignets et les chevilles liés par de fortes cordes.

Jésus feignit de ne pas remarquer le courroux qui brillait sur son visage.

— Personne ne t’accompagnait ? fit-il de nouveau.

— Un seul homme, que vous…

Le chef des Apôtres l’interrompit.

— Oui, je me souviens ; tu ne le reverras plus ; il faut en prendre ton parti, que veux-tu ? Nous avons pour loi de ne faire jamais quartier à personne. Tu es la première exception ! et encore n’est-il pas bien sûr que je ne te dépêche comme les autres. Cela dépendra absolument de toi.

Ces mots furent chantés de cette voix harmonieuse et souriante qui, n’eût été sa stature, donnait à croire que Jésus était une femme déguisée en homme.

— Tuez-moi donc sur-le-champ ! s’écria Dubreuil avec un geste de dégoût.

— Te tuer ? Non ; causons d’abord.

— Scélérat !

Le Mangeux-d’Hommes haussa les épaules.

— À quoi bon des injures ! dit-il. Elles n’amélioreront pas ta position et ne changeront pas mon caractère…

— Je vous méprise…

— Eh ! que m’importe ton mépris !

— Vos forfaits seront châtiés.