Page:Chevalier - Peaux-Rouges et Peaux-Blanches, c1864.djvu/109

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rémunérerai de façon à ce que tu n’aies pas à te plaindre de ma générosité. J’y mets une seule condition : tu seras sage, c’est-à-dire que, comprenant que tu es en ma puissance, sachant que je me soucie moins de la vie d’un homme que d’un bout de cigare, tu ne chercheras ni à t’échapper, ni à nuire à l’honorable société des Douze Apôtres à laquelle tu es maintenant adjoint. Est-ce convenu ?

Dubreuil ne daigna pas lui répondre.

— Ta parole de te conformer à mes avis, et je te fais délier, ajouta négligemment le Mangeux-d’Hommes.

— Plutôt mourir !

— Comme il te plaira. Tu as vingt-quatre heures pour réfléchir. Après quoi, si tu n’es pas plus raisonnable, mon poignard et mes mâchoires feront leur office !

En articulant son ultimatum, il écarta les lèvres et découvrit une double rangée de dents blanches, longues, aiguës comme celles d’une bête féroce.

— Vos menaces ne m’effraient pas plus que vos promesses ne m’ont séduit ! Si je dois périr, que la volonté de Dieu soit faite ! dit Adrien en détournant la tête avec horreur.

Le Mangeux-d’Hommes appela son lieutenant.

— Descends cet imbécile dans l’entrepont, et qu’on veille sur lui.

Tandis que l’Écorché exécutait son ordre, Jésus murmurait en jetant un coup d’œil sur l’ingénieur français :