Page:Chevalier - Peaux-Rouges et Peaux-Blanches, c1864.djvu/126

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Quant aux Apôtres, ils fumaient, paresseusement accroupis sur le gaillard d’arrière.

On eût dit des sagamos surveillant le travail de leurs femmes.

De fait, ces créatures leur servaient de femmes pour la plupart : Indiennes ou métis, elles étaient, par eux, traitées comme les squaws peaux-rouges par les hommes de même race, c’est-à-dire comme des bêtes de somme.

Après une chasse ou une expédition, elles étaient tenues d’aller ramasser le gibier ou le butin et de le serrer dans les magasins de la troupe. En campagne, elles portaient les fardeaux, tentes, piquets, ustensiles de cuisine ; au camp, elles dressaient les wigwams, allumaient les feux, apprêtaient les aliments ; et, quand le maître était de folâtre humeur, elles partageaient sa peau d’ours.

En retour des nombreuses obligations qu’il leur devait, celui-ci les battait souvent, leur donnait à manger quelquefois, et parfois aussi les laissait mourir de faim ; mais il ne manquait guère de les couvrir de clinquant, parce que leur parure satisfaisait sa vanité et lui valait cette réputation d’adresse qu’ambitionnent tous les aventuriers du Nord-ouest américain.

Aussi les femmes des Apôtres, — bande célèbre s’il y en eut jamais, — étaient-elles étincelantes de pierreries fausses et de bijoux en chrysocale. Outre cela, toutes