Page:Chevalier - Peaux-Rouges et Peaux-Blanches, c1864.djvu/186

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sauvagesse, et si tu avais seulement la chose de comprendre le français, nous nous entendrions bien vite, ma poulette, fit-il en étendant la main comme pour lui prendre la taille.

Sans rien dire, l’Indienne recula d’un pas ; mais le feu de ses prunelles s’était adouci.

— Quel malheur, poursuivit l’homme avec un accent de regret sincère, quel malheur que ça ne sache pas la langue des braves ! Sans cela, ma foi, je serais bien capable de lui offrir ma main, aussi sûr que je m’appelle Jacot Godailleur ! Mais, ajouta agréablement l’ex-cavalier de première classe, enroulant, de plus en plus belle, ses moustaches entre le pouce et l’index et en se balançant, d’un air conquérant, sur la pointe du pied, mais il y a un langage que saisissent tous les cœurs, blancs, rouges, jaunes ou noirs !

Et il se pencha, de nouveau, pour saisir Meneh-Ouiakon dans ses bras.

— Que désire mon frère ? demanda froidement celle-ci.

— Vous parlez français ! tu parles français ! elle parle français ! s’écria le dragon d’un ton aussi stupéfait que s’il eût entendu un quadrupède lui répondant dans sa langue.

Puis, après un moment de silence, donné à la surprise, il reprit avec la joyeuse insouciance qui lui était habituelle :

— Mais ça me va parfaitement. D’abord, sans vous offenser, comment vous appelle-t-on, mam’selle ?