Page:Chevalier - Peaux-Rouges et Peaux-Blanches, c1864.djvu/192

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— Vous avez déjà fini, mam’selle ? demanda Godailleur d’un ton de regret. Je n’y ai pas compris un mot, mais ça n’empêche qu’elle est diablement harmonieuse, votre chanson, et si vous vouliez m’en dire encore un couplet ou deux…

— Mon frère, ne remue pas ainsi, car tu ferais verser le canot, dit Meneh-Ouiakon, à qui un mouvement du dragon avait failli faire perdre l’équilibre.

— C’est, répondit Jacot, que ça me transporte, saut votre respect, mam’selle.

L’Indienne ne répondit pas, et, malgré sa bonne envie de jaser, l’ex-cavalier de 1re classe ne réussit pas à lui arracher une parole pendant le reste de la journée.

Le canot, lourdement chargé, ne marchait pas au gré de l’impatience de Meneh-Ouiakon, qui se serait repentie d’avoir emmené Godailleur avec elle, si elle n’avait pensé qu’il l’aiderait près du père Rondeau, au Sault-Sainte-Marie.

À la nuit close, ils atterrirent à la pointe aux Gâteaux, près des îles Huron, pour souper et se reposer.

Jacot était moulu de fatigue, à cause de la position incommode qu’il avait dû observer. Mais, ignorant l’art de pagayer, il aurait plutôt gêné sa batelière, en cherchant à la seconder, qu’en se tenant couché au fond du canot.

Le lendemain, ils repartirent avant l’aurore et attei-