Page:Chevalier - Peaux-Rouges et Peaux-Blanches, c1864.djvu/211

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En disant ces mots, il la forçait à s’asseoir à côté de lui.

— Tu sais, continua-t-il sans lui lâcher le bras, que ce n’est point par affection pour Jésus que je t’ai enlevée de Fond-du-Lac, après ta première fuite, pour te ramener à la Pointe. J’avais mes vues ; oui, par la vertueuse Shilagah, femme du bienheureux saint Patrice !

— Je connais ta perfidie.

— Très-bien, alors ; nous nous entendrons.

— La tribu des Nadoessis saura me venger.

— En attendant, tu es en mon pouvoir, et je vais profiter de mes droits ; car je t’aime et j’ai décidé que tu serais à moi. Allons, sois raisonnable et livre-toi de bon gré.

— Fils de chienne ! s’écria Meneh-Ouiakon en le souffletant avec celle de ses mains qui était libre.

— Oh ! les injures ne me touchent guère, ricana Judas.

— Tu es si vil !

— Tes coups sont caresses pour moi, ma charmante, et tes paroles, même les plus mauvaises, douces comme le miel. Va, cesse de te débattre. Rends-toi plutôt à mes désirs, et je ferai ton bonheur ! Vois ! la sainte Vierge me tient en sa garde. Sans elle, tout à l’heure, j’aurais été écrasé, anéanti sous cette montagne de pierres qui s’est écroulée entre mon canot et le tien. Viens donc avec moi, délicieuse fille du désert. Je te donnerai au-