Page:Chevalier - Peaux-Rouges et Peaux-Blanches, c1864.djvu/223

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

nute sur les talons et reprit en cabriolant autour du brasier, dans lequel il venait de jeter un fagot de sapinette :

« Les visages-pâles, les chiens de visages-pâles ont égorgé mon père, mes frères et mes fils ; ils ont violé ma femme et mes filles ; leurs victimes crient, depuis vingt hivers, vengeance à mes oreilles, mais j’ai fait un captif, un captif blanc, mais je vais le brûler, mon captif, mon captif blanc, pour apaiser leurs mânes et en l’honneur de Nanibojou.

« Car Nanibojou a fait la terre. »

En terminant, il saisit un tison embrasé et l’approcha de Jacot Godailleur, qui poussa des cris de détresse.

— Mon père, dit Meneh-Ouiakon arrêtant le bras du vieillard, mon père voudrait-il, avant de commencer, se réchauffer avec de l’eau-de-feu ?

— De l’eau-de-feu ! Tu en as, ma fille ! donne, donne vite, répondit vivement l’Indien, qui laissa tomber le charbon à ses pieds.

— Si mon père veut m’accompagner ?

— Ma fille, je crois que ta langue est fourchue, dit-il en jetant à Meneh-Ouiakon un regard empreint de défiance.

— Que mon père vienne, et ses yeux verront, et son estomac se réjouira.

— Ton intention est de m’enlever mon prisonnier.