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Page:Chevalier - Peaux-Rouges et Peaux-Blanches, c1864.djvu/225

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L’Indien lia son prisonnier à un arbre, puis il dit à la jeune fille :

— Descends, et va me chercher l’eau-de-feu.

Meneh-Ouiakon obéit avec un empressement qui dissipa en partie les soupçons du jongleur.

Elle rapporta les deux barils.

L’Indien en déboucha un, l’approcha de ses lèvres ; mais une idée traversant son cerveau, il dit à la jeune squaw :

— Goûte.

Meneh-Ouiakon but une gorgée et rendit le baril au sorcier, qui en appuya la bonde sur sa bouche. Il l’y tint longtemps collée, faisant entendre un bruyant glou-glou, s’arrêta pour respirer, se remit à boire, s’assit à terre, en roulant des yeux ravis de Meneh-Ouiakon à son prisonnier, posa un instant le barrillet à côté de lui, le reprit encore, pour en pomper le liquide à grands traits, et après un quart d’heure de ce manége, dont les deux spectateurs suivaient avec anxiété les diverses péripéties, il repoussa le vase à demi vide, en tendant ses bras décharnés vers la Nadoessis, et en balbutiant :

— Tu es belle comme une fleur des prairies… et bonne… comme cette eau-de-feu… Ce soir tu partageras ma peau de buffle… quand nous aurons brûlé mon prisonnier en l’honneur de Nanibojou….

Ensuite il essaya de chanter :