Page:Chevalier - Peaux-Rouges et Peaux-Blanches, c1864.djvu/230

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tendre mère que j’avais trouvé un emploi en Amérique et que je devais la quitter pour quelques années.

Cependant elle se montra plus forte, plus résignée que je ne l’aurais cru.

« Mon pauvre enfant, me dit-elle, ton départ me navre le cœur. Je n’ai plus que toi ici-bas… mais je t’aime assez pour sacrifier ma tendresse à ton bonheur si tu penses réussir là-bas. Une destinée fatale semble vous y conduire tous. La plupart de tes aïeux ont illustré votre nom et sont morts de l’autre côté de l’Atlantique ; ton père a péri dans le golfe Saint-Laurent avec le navire qu’il commandait, et ton frère… »

Elle se mit à sangloter.

« Ah ! ton frère aîné, mon bel Adolphe, poursuivit-elle à travers ses sanglots, ah ! si tu le rencontres, dis-lui que je lui pardonne, que son père lui avait pardonné avant son dernier voyage, dans lequel, hélas ! il a succombé, dis-lui de revenir, que je l’en prie, que mes bras lui sont ouverts, que je voudrais le voir une fois encore avant de rendre mon âme à Dieu ! »

Et je m’embarquai en compagnie de ce brave Jacot, mon ancien brosseur, qui s’est attaché à moi comme la hampe au drapeau, pour me servir de son expression.

Un voyage à travers l’Océan n’a rien de très-divertissant, n’en parlons pas.

Nous voici à New-York, une ville dont le site est merveilleusement beau et qui me semble destinée à con-