Page:Chevalier - Peaux-Rouges et Peaux-Blanches, c1864.djvu/256

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leur père à la chasse ; à vingt, ils font leur grand jeûne pour aller à la guerre.

Dès qu’ils ont scalpé un ennemi, il leur est permis de courir l’allumette, c’est-à-dire de se marier. Le jeune homme se rend nuitamment dans la hutte de celle qu’il aime. Au foyer de la cabane, il enflamme un brin de bois, et s’approche de la couche où repose l’objet de ses amours. Si elle souffle et éteint la flamme, le galant est accepté ; si elle laisse flamber le bois, il n’a qu’à se retirer au plus vite, car les huées des autres habitants du wigwam le poursuivront jusque chez lui.

Libre de ses actions tant qu’elle est fille, honorée même[1] en raison du nombre de ses amants, l’Indienne devient esclave aussitôt après son mariage. Dure, effroyable servitude que la sienne ! le maître possède toute autorité, elle aucune. Son fils même la pourra battre sans qu’elle ait droit de se plaindre. C’est une bête de somme, qui travaille sans cesse. Encore le cheval du Peau-Rouge est mieux traité qu’elle ! La famille change-t-elle de résidence, son seigneur portera seulement ses armes ; elle, il lui faudra porter un, quelquefois deux enfants, les peaux et les pieux pour la tente, la chaudière pour la cuisine, et les bardes de tout le ménage. Au camp, le mari s’accroupira sur le sol et fumera tandis que la misérable squaw dressera le wigwam, ira couper

  1. Voir Poignet-d’Acier ou les Chippiouais.