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Page:Chevalier - Peaux-Rouges et Peaux-Blanches, c1864.djvu/67

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On se mit à table.

Une soupe aux pois, un morceau de porc salé, des tranches de poisson fumé, puis grillé à même sur les charbons, faisaient, avec une sorte de galette, lourde comme du plomb, cuite sous la cendre, les frais du repas, qui fut arrosé d’eau claire.

Malgré sa simplicité, Adrien le trouva délicieux, et Jacot jura, qu’on me pardonne la locution, « qu’il n’avait jamais fait pareille noce. »

— Si seulement, sans vous manquer de respect, mar’chef, dit-il en avalant sa dernière bouchée, on avait pour deux sous de tord-boyaux…

— Ça compléterait la fête, acheva Adrien en riant.

— Attendez, mon brave, on va vous en servir, et du chenu ! fit le père Rondeau, qui se leva, prit dans un coin une cruche de grès au ventre rebondi et l’apporta sur la table.

À cette vue, les gros yeux ronds de Godailleur roulèrent voluptueusement dans leurs orbites, et il fit claquer sa langue contre son palais.

— C’est de l’eau-de-vie de riz sauvage ! goûtez-moi ça ! dit l’amphitryon en remplissant à demi les verres de ses convives, à la grande jubilation de l’ex-cavalier de première classe, et malgré les protestations d’Adrien, effrayé par cette libéralité.

— À votre santé et à celle de la vieille France ! dit le Canadien.