Page:Chevalier - Peaux-Rouges et Peaux-Blanches, c1864.djvu/8

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— Tu voudrais me braver, hein !

— Du tout ; je veux que vous soyez raisonnable. Vous avez bu outre mesure, ce matin…

— Tu mens !

À cette insulte, le front de Judas se plissa. Un éclair de ressentiment flamboya dans ses yeux : néanmoins, il demeura maître de lui et repartit avec calme :

— À votre aise ; mais rasseyez-vous, et parlons de notre projet.

— Et s’il ne me plaît pas de me rasseoir ! vociféra le Mangeux-d’Hommes, en frappant de nouveau la table, avec son pistolet, mais si violemment que plusieurs des coups dont il était chargé firent explosion et que la crosse se brisa en vingt morceaux.

Judas ne put réprimer un éclat de rire, ce qui acheva d’exaspérer son chef.

— Ah ! brigand, tu te moques de moi ! proféra-t-il entre les dents.

— Le fait est que vous prêtez à la plaisanterie !

— La plaisanterie ! je vais t’en donner, des plaisanteries, moi !

En disant ces mots, le Mangeux-d’Hommes avait tiré de sa gaine un long coutelas pendu à sa ceinture, et il se précipitait, écumant de rage, sur son lieutenant.

Celui-ci n’aurait pas eu de peine à se défendre contre un homme pris de liqueurs et à le désarmer ; mais, au même moment, la porte de la salle où se passait cette scène