Page:Chevalier - Peaux-Rouges et Peaux-Blanches, c1864.djvu/92

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Longtemps ils échouèrent, et chaque tentative infructueuse faillit causer la perte de la Mouette, les flots déferlant aussitôt sur le pont et le couvrant en entier.

Chaque fois, Dubreuil prenait un bain des pieds à la tête, et chaque fois il regrettait d’avoir quitté la cabine. Mais il lui fallait maintenant rester en place, cramponné au râtelier du grand mât, car on avait fermé les écoutilles pour empêcher l’eau d’envahir l’intérieur du vaisseau, et n’eussent-elles pas été fermées qu’en lâchant son étreinte il eût couru risque d’être entraîné par la violence des flots.

Enfin, la Mouette, habilement lancée dans une sorte de gorge, entre deux caps liquides, d’une élévation qui dépassait de beaucoup la flèche de ses mâts, la Mouette sortit de cet affreux défilé, dont les hauteurs verdâtres se dressèrent à sa droite comme une impénétrable barrière.

— Vous l’avez échappé belle ! dit le capitaine au jeune homme. Si pareil accident nous arrive désormais, je ne vous conseille pas de monter sur le pont admirer les beautés de la nature.

— Vraiment, monsieur, je n’ai aucun regret de ce que j’ai fait, répondit Adrien. Je n’imaginais pas être un jour témoin d’un spectacle…

— Ce n’est pas fini ! interrompit le capitaine. Regardez derrière vous.