Page:Chevalier - Peaux-Rouges et Peaux-Blanches, c1864.djvu/98

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mains avait suffi à maîtriser le bouillant Godailleur, souleva notre homme jusqu’à la hauteur de sa bouche, le mordit au cou, et le lança comme une balle à travers l’ouverture.

L’on entendit un cri d’effroi, puis le son sourd d’un corps qui tombe à l’eau.

— Qu’il ne soit fait aucun mal au Français ! commanda le Mangeux-d’Hommes.

— Que me voulez-vous ? lui dit Dubreuil, en se débattant aux mains de Pierre et de Jean, qui essayaient de lui lier les bras.

— Tu le sauras bientôt.

— Vous êtes un misérable !

— Possible, répondit flegmatiquement Jésus ; mais cesse de résister, si tu n’as pas envie de rejoindre ton compagnon.

— Vous croyez que je me soumettrai lâchement…

— Qu’on le porte sur le pont et qu’on l’attache au pied du mât ! fit le Mangeux-d’Hommes, dont la voix, de douce qu’elle avait été en parlant à Dubreuil, devint, tout à coup, retentissante comme un éclat de tonnerre.

Cédant au nombre et à la force, Adrien se laissa tranquillement monter sur le pont de la Mouette.

Là, à la lueur d’un falot, il vit un spectacle digne de pitié.

Cinq ou six cadavres gisaient baignés dans une mare de sang ; et tous les gens de l’équipage, les mains et les