Page:Chevalley - Le Roman anglais de notre temps.djvu/111

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Butler et son Influence 95 mauvais exemple. A un phtisique, les travaux forcés et l'huile de ricin. « Vous dites que ce n'est pas votre « faute, à vous ... je dis que c'est une faute en vous. « Mon devoir est de protéger l'État. Vous plaidez que « votre malheur est d être criminel. Je réponds que votre « crime est d'être malheureux. » La naissance est cachée avec soin. On en rougit. La mort est proclamée. Les amis envoient à la famille du défunt de petites boîtes de larmes artificielles, « entre cinq « et quinze, suivant le degré d'intimité. » M. Hîggs devient l'hôte d'un notable citoyen qui a eu « une grosse attaque d'escroquerie» mais s'en est fort bien guéri, grâce aux « redresseurs moraux », médecins de Pâme. Sa fille Arowhena est charmante. A la fin du livre, M. Higgs l'enlèvera en ballon. Mais nous n'en sommes pas là. C'est vers la moitié de l'ouvrage que se termine cette partie graphique et des- criptive, où Butler rivalise avec Defoe. Maintenant vient l'étude des institutions, l'analyse des croyances, et la qualité de l'ironie rappelle Swift. Les opinions des Erewhoniens sont à la fois incertaines et rigoureuses: « Ils croient, et ne croient pas à leurs « croyances. Ils ne savent pas exactement ce qu'ils « pensent. Tout ce qu'ils savent, c'est qu'il faut être « malade pour ne pas penser comme eux. > Par exemple, Erewhon jouit d'un double système fiduciaire. Personne n'accepte en paiement la monnaie des « Banques musicales », mais tout le monde veut en avoir, et ceux-là sont honnis qui la discréditent. Ces « Banques musicales » ressemblent trait pour trait aux cathédrales britanniques, le siège principal à celle de Westminster; leurs caissiers, leurs fonctionnaires sont gênés, gênants, malheureux. Ils sont dans une fausse position et n'en peuvent sortir. Ce sont les 4 clergymen ». La déesse principale est Ydgrun (Mrs. Grundy). Elle est omniprésente, omnipotente, cruelle et absurde, à peine avouée de ses fidèles; son culte est pourtant salutaire. Ses adorateurs les plus zélés sont le sel de la terre. Ils ont parfois, rarement, le courage de l'offenser. Elle ne j a ,tiz B dbvG00gle

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