Page:Chevalley - Le Roman anglais de notre temps.djvu/119

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Butler et son Influence 103 uniformes, lumière électrique. Il a obtenu le résultat qu'il cherchait, savoir : d'attirer l'attention. Mais il est temps de rendre à Samuel Butler !a part qui lui appar- tient, la principale, dans cette résurrection de l'antï- puritanisme et de l'antijansénîsme sous les formes en- chevêtrées du paradoxe moral et de la vérité scientifique. Par une singulière frasque du destin, U y a eu deux Samuel Butler dans l'histoire littéraire de l'Angleterre, et tous deux ont mangé du bigot. Même nom, même prénom. Le poète burlesque du XVII"* siècle, auteur 6! Hudibras, n'était pas plus tendre pour les pédants de la religion que l'auteur à'Erewkon. Mais ni l'un ni l'autre n'a touché au pédant de l'honneur, du bon goût moral, du bon ton social. Au contraire, chacun d'eux opposait volontiers le « Gentleman » au bigot. C'est Galsworthy, puis toute une école déjeunes romanciers qui, depuis lors, sont allés chercher l'homme derrière le gentilhomme : the man behind the gentleman. Depuis Samuel Butler, l'évolution, l'hérédité, sont de- venues des forces réellement vivantes et agissantes dans la littérature de l'Angleterre, non plus des « problèmes », des sujets d'études, mais la chair et l'esprit de la fiction contemporaine. On ne les discute plus ; on ne s'en étonne pas ; on ne s'en émeut nullement. Elles inspirent et dominent. Bernard Shaw est à peine un romancier, guère plus un auteur dramatique. Le principal de son œuvre est du journalisme. Il abonde en paradoxes. Beaucoup de ses paradoxes ne font guère que vulgariser des idées de Samuel Butler. Il l'a reconnu, proclamé. On peut l'en croire. Ses préfaces suffiraient à en témoigner, notamment celle de « Parents et Enfants ». Mais les effets de l'évolution et de l'hérédité ne peuvent se mesurer dans une crise, dans une œuvre dramatique. JafeedbvGoOgle

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