Jeunes aai
des apaches, des saltimbanques, dans la basse pègre de
Londres, les assauts infructueux des protecteurs, l'esca-
pade innocente avec l'ami de cœur, les risques in-
croyables et incroyablement évités à travers lesquels
se faufile l'innocence rusée de Sylvia, tout cela, qui était
suffisant dans le roman picaresque pour intéresser les
lecteurs du dix-septième siècle, paraît irréel à ceux du
vingtième, et insupportable, parce que dépourvu de toute
psychologie. Le charme littéraire du pastiche qui, chez
certains de nos écrivains, Abel Hermant, par exemple,
sauve les productions du même genre, n'est même pas
sensible dans Sylvia Scarlett.
En somme, avec toute sa virtuosité, Compton Mac-
kenzie ne paraîtrait pas digne d'être compté comme
romancier si les suffrages de ses compatriotes ne l'avaient
consacré naguère. On sent partout chez lui un goût
d'histrion, celui du décor pour le décor, sans rien der-
rière que les ténèbres et des courants d'air. Un don qui
le sauvera peut-être est celui de l'humour. Son ironie
est un savoureux mélange d'esprit gamin et de fine
observation. Son dernier livre, Poor Relations, doit à ces
qualités un succès incontestable et mérité. Mais là
encore, il faudra qu'il apprenne à choisir. Comme dît
Anatole France : « Tout dire, c'est ne rien dire. Si la
« littérature cesse de choisir et d'aimer, elle est déchue
« comme la femme qui se livre sans préférence. »
§v
J. D. Beresford
S'il fallait désigner entre les romanciers de la jeune
génération, non le plus, habile, mais le plus également
pourvu de cette intelligence et de cette imagination de la
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