Roman anglais depuis la guerre 241 sexuel ; substitué, pour tout dire, à l'illusion d'une activité indépendante cette sorte de permanente représentation de l'extérieur ou du passé qui est la puissance des êtres ou des organes les plus simples. Alors la fiction, reflet immédiat de toute attitude mentale, pourra se détacher soudain, pour un instant peut-être, et peut-être pour longtemps, des trois forces auxquelles elle a dû sa crois- sance. Le roman pourra cesser d'être récit, analyse et sentiment, devenir une simple suite d'impressions, de perceptions, de notations, dont serait exclue toute pré- paration, toute liaison,toute apparente et sensible cohésion. Ce sera, sous le même nom, quelque chose de très différent, mais ce sera néanmoins encore une traduction de la vie. De même que la peinture a pu, non sans dommage, s'affranchir de dessin et de composition ; ta musique, de mélodie et de rythme ; pour n'exprimer que des combinai- sons ou des nuances infiniment variées de couleur et de son ; de même le roman peut se réduire à n'avoir plus ni héros ni Intrigue, ni drame, ni événements, ni passion, ni analyse, et à n'être plus que la représentation fluide de la ' vie dans une âme, un corps et un cœur. Plus sera simple, ou volontairement simplifiée, la faculté réceptive de l'ob- servateur, plus elle sera pour ainsi dire transparente, élémentaire, plus le résultat sera fidèle et précieux. Les femmes, les jeunes filles, voire les enfants, y pourront témoigner d'une originalité plus originale,d'une réalité plus réelle, que l'expérience et la tradition. L'œuvre de fiction ne sera plus une histoire d'actes, de sentiments, de mobiles et de motifs, de rire et de pleurs, mais une série de touches révélatrices qui n'auront d'autre objet que d'évoquer con- tradictoirement, par leur juxtaposition, un personnage et ses milieux. Il faudra du recul, une sorte de clignement mental des paupières, comme devant un tableau de j a ,tiz B dbvG00gle
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