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romancier, réformateur, les noms et les ouvrages de Charles Reade et Anthony Trollope sont en voie de résurrection, et les romans de Trollope auront, après cette révision des valeurs, une place dans la fiction anglaise au dix-neuvième siècle tout près de Thackeray.

§ iii

Les Romancières victoriennes

Un groupe de femmes de grand talent, Mrs. Gaskell, biographe des Brontë (1810-1865), Miss Harriet Martineau, traductrice de Comte (1803-1876), Charlotte Yonge (1833-1901), interprète de Keble et du mouvement ecclésiastique d’Oxford, Mrs. Oliphant (1828-1897), historienne et essayiste, maintinrent pendant tout le dix-neuvième siècle, avec leurs sœurs obscures et innombrables, le courant de la fiction féminine, qui n’a jamais cessé dans la littérature anglaise. C’est en effet une erreur doublée d’une impertinence que de s’étonner, comme si elle était imprévue ou paradoxale, devant la part qu’ont eue les femmes au développement du roman contemporain en Angleterre. Pourquoi cette part ne serait-elle pas égale et même supérieure à celle des hommes ? Les femmes n’y sont-elles pas comme destinées par leur nature, leurs dons, leur vie ? Il y avait moins de romancières, dira-t-on, aux siècles précédents. Il y avait aussi moins de romanciers, et surtout infiniment moins de lecteurs et de lectrices. Pourtant Mrs. Behn, Sarah Fielding, Charlotte Lennox, Frances Brooke, Clara Reeve, Sophia Lee, Charlotte Smith, Mrs. Radcliffe, Mrs. Inchbald, Lady Morgan, Mrs. Opie, Fanny Burney, Mary Brunton, Miss Edgeworth, et combien d’autres, avaient précédé Jane Austen.