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CHAPITRE III

L’ÂGE DE VICTORIA ET L’ÂGE D’EDOUARD VII


§i

Une Période de Transition


Les témoignages concordants dé la critique établiraient, à défaut de l’évidence, l’influence considérable de notre littérature sur le développement du roman anglais dans la période contemporaine.

Il est vrai que la reine Victoria régna jusqu’au début de notre siècle. Mais la cour et l’influence de la cour avaient depuis longtemps cessé d’être prépondérantes et de donner le ton, même à la société.

L’Angleterre du xixe siècle, absorbée par le plus formidable développement de richesse que le monde eût encore vu, n’avait guère d’yeux que pour elle-même. Ce fut l’époque de l’insularisme conscient et organisé dans les mœurs comme dans l’art. Mais chez elle, par une conception de la vie plutôt germanique que britannique, l’Angleterre tendait à s’interdire la contemplation, et, par conséquent, la représentation de tout ce qui n’est pas conforme à l’intérêt, au bon renom, à la religion, dans le sens le plus large, de la race et de l’État.

D’où, l’hypocrisie réelle, quoique inconsciente, d’une partie — la principale — de sa littérature d’imagination.

L’Angleterre du xixe siècle vivait et se développait à part. Maïs elle se regardait et se peignait à travers le