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IV
INTRODUCTION.

apparaissant toujours comme apôtre élé de la liberté, puis mourant en martyr.

Si Jean-Paul Marat avait été réellement un fou atrabilaire, un publiciste sans principes avouables, un homme tigre altéré de sang humain, un perdu de débauches, un crapuleux, comme se plaisent encore à l’insinuer ou à le répéter les Basiles de la calomnie, nous ne perdrions assurément pas notre temps à rétorquer de telles inculpations, mais la réputation de Marat défie ses accusateurs^ En pleine révolution et sous l’empire des passions les plus haineuses des divisions de partis, dans ces explications publiques qui eurent lieu entre les membres de la Convention nationale, les détracteurs de Marat, interpellés par lui de s’expliquer sur son compte, ont été réduits à se retrancher dans un seul grief politique ; aucun n’a osé attaquer ses mœurs, ses actions, sa conduite privée ; mais tous Vont accusé d’être trop exalté dans ses opinions, trop exaspéré dans ses écrits ; Buot lui-même s’est borné à le représenter comme un homme qui pouvait être dangereux par sa popularité, par ses lumières, son audace, et la véhémence de ses discours.

Loin de chercher à éluder les accusations, Marat a dit publiquement : que l’honnête homme qui a quelques reproches à me faire se montre, et si j’ai jamais manqué aux lois de la plus austère vertu, je le prie