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ÉCOLE DU CITOYEN. 17

talents ne soit pas acheté par la crainte de déranger leurs affaires ou de ruiner leur fortune -, repoussez avec horreur toute voie de corruption , montrez-vous supé- rieurs aux largesses, dédaignez même de vous asseoir à des tables prostituées. »

Ici Marat entre dans le développement des menées ministérielles pour entraver les élections patriotiques -, il rappelle aux électeurs anglais les maux et les souf- frances du peuple , la gloire de leurs ancêtres , ce qu'ils ont fait pour la liberté. « Le feu sacré qui brûlait dans leur sein n'enflammera-t-il jamais vos cœurs ? Ne lais- serez-vous à vos descendants que des noms couverts d'opprobre ? Et faudra-t-il que vos fils, en pleurant sur leurs chaînes, s'écrient un jour avec désespoir : Voilà les fruits de la vénalité de nos pères ! »

Dans une Introduction de quelques pages, Marat présente ainsi l'objet de son ouvrage :

« . ^ . . . C'est un étrange spectacle que celui d'un gouvernement politique. On y voit , d'un côté , les hardis desseins de quelques ambitieux, leurs audacieuses entreprises , leurs indignes menées , les ressorts secrets qu'ils font jouer pour établir leur empire ; de l'autre , on y voit les nations, qui se reposaient à l'ombre des lois , mises aux fers *, les vains efforts que fait une multitude d'infortunés pour s'affranchir de l'oppression et les maux sans nombre que l'esclavage traîne à sa suite

« Quelquefois le despotisme s'établit tout à coup par la force des armes, et une nation entière est violemment asservie -, mais ce n'est pas de cette marche de l'autorité légitime au pouvoir arbitraire que j'ai à parler dans cet ouvrage ; c'est des efforts lents et continus qui , courbant peu à peu sous le joug la tête des peuples ,