Page:Chevreul - De la baguette divinatoire, 1854.djvu/154

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et qu’en conséquence l’usage du pendule explorateur n’est pas moderne, ainsi que beaucoup de gens le croient.

Mais il faut convenir que le texte d’Ammien-Marcellin est d’une grande obscurité et qu’on ne peut se faire, du procédé magique, une idée assez précise pour le mettre en pratique sans hésitation : par exemple, comment met-on la table en mouvement ? Y appose-t-on les mains ? ou bien le mouvement est-il l’effet d’opérations magiques qui n’en comportent pas l’intervention directe ? c’est ce que le texte ne dit pas. Ce défaut de précision explique comment M. de Moulines a pu le traduire sans faire mention du mouvement de la table. Je donne en note sa traduction du passage cité[1]. D’un autre côté, on comprend dif-

  1. Hilarius commença en ces termes : « Très-magnifiques juges, nous avons fait sous de noirs auspices, avec des branches de laurier et à l’imitation du trépied de Delphes, cette fatale petite table dont nous nous sommes enfin servis, après l’avoir consacrée par des vers magiques, par des imprécations et des cérémonies sans fin : voici ce qu’il fallait observer toutes les fois qu’on la consultait sur des affaires secrètes. On la plaçait au milieu de la maison, purifiée partout par des parfums de l’Arabie ; ensuite on mettait simplement dessus un bassin rond composé de divers métaux ; tout autour étaient gravées, avec délicatesse et à des distances exactement mesurées, les vingt-quatre lettres de l’alphabet. Un homme vêtu de lin, avec un petit chapeau sur la tête, et tenant à la main de la verveine, qui est un arbrisseau de bon augure, après avoir sacrifié à la divinité qui préside à la connaissance de l’avenir, et récité les hymnes prescrits, s’arrêtait selon l’art des cérémonies, puis balançait un anneau suspendu, et composé d’un fil extrêmement délié de