Page:Chevreul - De la baguette divinatoire, 1854.djvu/210

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Ma volonté a commandé à mes muscles, et mes muscles, sous l’influence immédiate de mes nerfs, ont exécuté tous les mouvements nécessaires à la préhension du verre, à sa translation de la table à ma bouche sans répandre une goutte de l’eau qu’il contenait, à son inclinaison pour le vider, enfin à sa translation de ma bouche à la table.

L’ignorant exécute l’ensemble de ces actions tout aussi bien que le savant. S’il ne se rend pas compte de chacune d’elles comme lui, il a conscience de l’obéissance de son bras et de sa main à sa volonté.

216.Eh bien, dans les actions que je ramène au principe que j’ai posé, rien n’accuse une volonté comme celle qui préside si incontestablement à l’accomplissement des actes précédents.

En effet, lorsque j’ai répété l’expérience dont M. Deleuze m’avait rendu témoin, mon intention, mon désir même de voir le pendule osciller entre mes doigts, n’était point une volonté commandant à mes muscles ; car que celle-ci eût existé en moi, et il n’y avait plus d’expérience. Ma volonté ne pouvait donc être de mettre le pendule en mouvement ; ma volonté était l’exécution d’une expérience propre à mettre un terme à l’incertitude de mon esprit sur la question de savoir si le pendule serait mû ou s’il resterait au repos.

Même état de choses et même résultat, lorsque, pendant les oscillations d’un pendule que je tenais au-dessus du mercure, je me suis demandé si, en interposant entre eux un certain corps, le mouvement cesserait. Cette demande, que je m’adressais, était