Page:Chevreul - De la baguette divinatoire, 1854.djvu/31

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non-seulement il la soutint de nouveau, mais il proscrivit les épreuves judiciaires du feu, de l’eau, du duel, etc., comme des superstitions qui ne pouvaient, dans aucun cas, éclairer la justice : en cela il se trouvait encore d’accord avec le père Ménestrier.

11.Si, parce que les pères Lebrun et Ménestrier attribuaient à Satan le mouvement de la baguette, on les considérait comme des gens crédules, répugnant à user de leur raison pour discuter la probabilité de propositions avancées comme des vérités, on se tromperait beaucoup ; car il est impossible de mieux raisonner que ne le fait le père Lebrun quand il veut prouver qu’aucune substance matérielle n’agit sur la baguette, et que son mouvement dépend d’une cause libre et intelligente. Tous ceux qui tiendront Compte de la différence des temps, de l’influence des progrès des sciences positives depuis plus d’un siècle et demi, et surtout de l’extrême crédulité d’un grand nombre de nos contemporains, partageront sans doute le jugement que j’exprime ici sur le père Lebrun. Le père Ménestrier ne montre pas moins de raison dans un écrit sur la baguette divinatoire, lorsqu’il traite la question de savoir si l’on pouvait y recourir dans les procès criminels pour distinguer le coupable d’avec l’innocent.

12.La philosophie naturelle, reposant en entier sur des principes qu’on démontre par le raisonnement, n’est liée, dans ses recherches et ses examens, par aucun article de foi. Tout y est du domaine de la discussion et d’une discussion parfaitement libre ; le