Page:Chevreul - De la baguette divinatoire, 1854.djvu/48

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de ne pas prétendre expliquer toutes les observations, toutes les expériences, toutes les propositions données comme faits par les auteurs qui ont traité de la baguette divinatoire, du pendule explorateur et des tables tournantes, que nous allons entrer en matière.

35.J’espère en définitive montrer d’une manière précise comment des gens d’esprit, sous l’influence de l’amour du merveilleux si naturel à l’homme, franchissent la limite du connu, du fini ; dès lors comment ne sentant pas le besoin de soumettre à un examen réfléchi l’opinion nouvelle qui leur arrive sous le cachet du merveilleux et du surnaturel, ils adoptent soudainement ce qui, étudié froidement, rentrerait dans le domaine des faits aux causes desquels il est donné à l’homme de remonter. Existe-t-il une preuve plus forte de l’amour de l’homme pour le merveilleux, que l’accueil fait de nos jours aux tables tournantes ? je ne le pense pas ; plus d’un esprit fort qui accuse ses pères de crédulité en rejetant leurs traditions religieuses, admet comme réel ce que des théologiens contemporains de Louis XIV ont repoussé comme impossible ou traité de chimère. Ce fait confirme ce que j’ai dit de la crédulité à propos de l’Essai sur la magie, d’Eusèbe Salverte ; car si l’esprit fort qui repousse la révélation, ne s’appuie pas sur la méthode scientifique propre à discerner l’erreur de la vérité, l’incertain du fait démontré, il sera sans cesse exposé à adopter comme vraies les opinions les plus bizarres, les plus erronées, ou du moins les plus contestables.