Page:Chevrier - Le Colporteur, Nourse.djvu/114

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l’eſquille que M. le Chevalier vient de nous en donner. Les ſpectacles & le goût des bêtes ſont ſa manie dominante ; ſa toilette eſt une vraie ménagerie ; on la voit partager gravement ſon attention, & paſſer d’un Arlequin à une Épagneule, & d’une Soubrette à un Perroquet. Celui de ces animaux qui l’amuſe le plus à la préférence, & elle en fait une affaire d’état. Perſuadée que les Comédiens forment entr’eux une race ſublime, elle les regarde comme des perſonnages intéreſſans & reſpectables. Ils le ſont ſans doute, reprit la Marquiſe, dès qu’ils joignent les bonnes mœurs au talent. C’eſt mon avis, repliqua le Chevalier, & malgré les injuſtes loix qui les rendent infames parmi nous, je ne rougirai point de faire mon ami d’un acteur honnête homme. Lanoue, Sarazin, Ricoboni, étoient des Comédiens eſtimables, que je me faiſois un plaiſir de voir, & il en eſt encore beaucoup faits pour honorer une profeſſion qu’on ne dénigre que parce qu’on ignore qu’un Comédien qui a de la probité & de la décence, eſt le Précepteur du genre humain. Il eſt vrai que les déſordres affreux auxquels la plupart des Acteurs errans s’abandonnent ſans pudeur, ont rendu le métier de Comédien mépriſable aux yeux des gens qui jugent par comparaiſon, maniere de décider, qui trompera toujours ceux qui l’adopteront. Mes voyages, continua le Cheva-