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CEYLAN.

sombres se reflètent dans la noirceur des flaques mornes. Entre leurs troncs serrés l’air obscur dort lourdement. Les pieds dans l’eau tiède, la tête dans le feu du soleil, ils jaillissent tout droit d’un fourré de grandes fougères, enlacés, étreints par les lianes vivaces. Là dedans on devine le bourdonnement dense, l’agitation furieuse ; de myriades d’insectes la vie violente et simple des premiers âges géologiques quand, après les grandes pluies, les eh organisées sortaient de la terre molle à l’appel du soleil torride.

Nous traversons le Kelana-Ganga, un fleuve tout brun qui roule entre de hauts bambous verts ; la montée commence, et, presque tout de suite, le paysage change. Ou sort enfin de l’accablante ! vierge et l’on entre dans un jardin sauvage coupé de claires et fraîches rizières, constellé de fleurs — des fleurs odorantes du champak et de la frangipane — un jardin de délices où reposent sous de hautes fougères tremblantes, où de petites buttes moussues, tapies sous les verdures cinghalaises, sont presque invisibles, un Éden où des perruches rayent l’air d’un trait de lumière, où de larges papillons semblent des flammes qui voltigent, où les arbres sont semés de fruits d’or, où