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DANS L’INDE.

douleur, qui procède du changement. « Celui-là qui dompte cette méprisable soif d’être, la souffrance le quitte comme les gouttes d’eau glissent de la feuille de lotus. » Suit l’énumération des voies qui conduisent à cet état parfait : la première, qui détruit l’hérésie de l’individualité et la croyance à la nécessité des rites et des cérémonies ; la seconde, qui dissout toute passion, toute haine, toute illusion ; la troisième qui efface les derniers vestiges de l’amour de soi ; la quatrième, ou voie supérieure des arahats, c’est-à-dire des hommes affranchis par l’intuition et qui ont cessé d’aspirer à toute existence, matérielle ou immatérielle.

Arrivé là, l’homme s’est abandonné : il ne gravite plus sur soi, il n’est plus un centre d’attraction, une force égoïste qui travaille à persister. Il peut se donner aux autres, et la charité, la pitié pour la souffrance d’autrui pénètrent en son cœur. « Comme une mère, au risque de sa propre vie, défend son fils, son fils unique, qu’il cultive un amour sans bornes pour tous les êtres, un amour sans bornes pour l’univers entier ; que cet amour s’épande autour de lui, au-dessus de lui, au-dessous de lui, pur du sentiment rival de ses propres intérêts ; qu’il persiste fermement dans cet état d’esprit pendant tout le temps qu’il veille, qu’il soit debout ou assis, qu’il agisse ou qu’il se couche, » — « Ses sens sont devenus paisibles. Il est comme un cheval