Page:Chiarini - Le Talmud de Babylone, vol. 1, 1831.djvu/257

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des hommes ont la même mesure de temps (pour leur souper). Mais si tu dis (en tenant ferme à la première supposition) que le pauvre et le prêtre ont la même mesure (il suit de là l’absurdité) que les savans seraient du même avis que R. Meïr (dans la dernière Baraïtha[1]). Déduis donc de cette absurdité que le pauvre a une mesure à lui, et que le prêtre aussi a une mesure à lui et non que le pauvre et le prêtre ont une seule et même me-



    1°. celle du repas des prêtres dans la Mischna.
    2°. celle du repas des pauvres dans la Ire Baraïtha.
    3°. celle enfin du repas du commun des hommes dans la IIde Baraïtha.
    Or, il faut savoir que le but de l’Halaca étant ici de prouver que ces trois momens ne sont pas identiques, pour y mieux réussir, elle part de la supposition qu’ils sont identiques et raisonne comme il suit, supposons :
    1°. que les prêtres et les pauvres aient la même mesure de temps pour leur repas du soir.
    2°. et que les pauvres et le commun des hommes aient aussi la même mesure.
    Ces deux suppositions nous portent nécessairement à attribuer la même mesure de temps aux prêtres et au commun des hommes aussi quae sunt eadem uni tertio, etc.
    Cependant cette hypothèse ne peut pas se soutenir, car nous voyons que dans la II. Baraïtha ces deux derniers momens sont cités par deux docteurs qui diffèrent entr’eux d’avis sur le temps où il faut lire le Chema du soir, et c’est une règle générale que les différentes autorités que l’on cite dans une seule et même tradition ne peuvent pas déposer rigoureusement la même chose, car alors il y aurait des répétitions inutiles. Il faut donc prendre une autre route et conclure que ces trois momens ne sont pas identiques quae non sunt eadem uni tertio, etc.
    L’Halaca qui se sert de cette méthode pour faire des démonstrations indirectes en passant de ce qui n’est pas à ce qui est, en tire le double avantage d’examiner les questions légales sous tous les aspects possibles et de passer en revue toutes les traditions qui y ont quelque rapport.

  1. On suppose déjà que le commun des hommes et le pauvre ont la même mesure, or si tu dis que le pauvre et le prêtre ont la même mesure, il suivra de là que le commun des hommes et les prêtres ont la même mesure ; mais il suit de là que dans cette dernière tradition R. Meïr qui cite la mesure du commun des hommes serait du même avis que les savans qui citent celle des prêtres, ce qui serait une répétition inutile et par conséquent une absurdité dans le Talmud.