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Page:Chincholle - Dans l’Ombre, 1871.pdf/216

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Ivre maintenant de joie, la jeune fille se précipita dans la salle à manger, où devait l’attendre son père, et où, énervée par tant d’émotions successives et diverses, elle tomba sur un siége.

Madeleine avait trouvé dans cette pièce Magrite seule, occupée à mettre le couvert :

— Au fait, Magrite, lui demanda-t-elle, pourquoi donc as-tu fermé ma porte tout à l’heure ?

— Mais je n’ai pas fermé vot’porte, Mam’selle !

— Ce n’est pas toi qui étais dans la lingerie ?

— J’y étais d’abord, mais depuis une bonne demi-heure, c’est vot’ père qui y était !

Madeleine se leva. Une pensée affreuse venait de lui traverser le cerveau. Involontairement elle se rappela les réticences auxquelles s’arrêtait son père chaque fois qu’il avait été entraîné à parler de l’héritage de Jean Astier. Les obscures indiscrétions échappées à l’avare s’éclairèrent soudain dans l’esprit de sa fille. Madeleine se dit, effrayée de ce qu’elle osait se dire, que si elle avait trouvé sa porte fermée, c’est parce que son père avait été