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Page:Chincholle - Dans l’Ombre, 1871.pdf/90

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pas ; les remords ne sont point gênants dans une conscience large : « Bonjour, mon oncle, que je suis donc aise de t’embrasser !»

M. Jacquin vient de gagner sa cause ; Glouboux, le grand homme du moment se promène en triomphateur dans le village. Que les rats du clocher se lèchent les babines, le centenaire Saint-Pierre est à eux : « Par tous les vices du diable, mon neveu, te voilà un garçon magnifique ! »

Et les deux malins, flairant l’un en l’autre un futur complice, se serrent les mains, se flattent réciproquement, goûtent un plein bonheur auquel ils ne voient pas de nuages. Magrite, la bonne, en soupira :

— Quelle douce chose, fit elle, qu’une famille unie !

L’effusion passée, M. Jacquin reprit son rôle d’homme d’affaires :

— Mon cher Francisque, dit-il, il y a trois ans que je ne t’ai vu ; depuis ce temps-là, ta nature, qui ne promettait rien de bon, est assurément devenue détestable. Je désire la connaître à fond avant de te dire quel motif m’a fait t’appeler ici, afin de voir quel langage je devrai employer pour te le dire. Tu dois être cynique. Je te permets d’éclairer ta con-