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Scène VII

MARCASSOU, seul, lisant l’enseigne au dehors.

Carmagnasse… perruquier barbier… au Toupet d’airain… c’est bien ici… (Il entre par le fond.) Personne… tant mieux !… Ouf !… Soufflons un peu… Je suis moulu, rompu, brisé !… (Il s’assied à gauche et se relève vivement en poussant un cri douloureux.) Oh ! ce mulet ! Aïe ! (Il se rassied.) En voilà des aventures depuis hier au soir… d’abord, on me fourre dans une cave… (Se levant.) Je n’y étais pas depuis cinq minutes qu’un rat se met à me grignoter. Certainement, je ne crois pas avoir le caractère plus mal fait qu’un autre, mais je n’aime pas qu’un rat se permette de me grignoter : moi qui suis un homme je ne me le permettrais pas à son égard… Je le repousse donc vigoureusement… et il s’éloigne… je croyais en être débarrassé… pas du tout, l’animal était allé prévenir ses camarades… il parait qu’ils se préviennent… ils reviennent en force… ils étaient au moins cent trente-cinq à cent cinquante-trois !… de tout âge et de tout sexe !.. Je fuis… ils me poursuivent… j’ai couru comme ça pendant toute la nuit… Je calcule que j’ai bien fait dans les vingt-neuf, vingt-sept lieues. Enfin ce matin, la trappe s’ouvre… c’était Gabastou, l’aubergiste ! Tiens ! qu’il me dit, qu’est-ce que vous faites donc là ?… Ce n’est pas vous que je croyais rencontrer… — Je me promène, lui réponds-je !… — Ah ! qu’il m’ajoute, votre femme vous a joliment cherché, et tant et tant que ce matin elle est retournée chez son oncle Carmagnasse… — Chez son oncle, que je m’écrie ! et moi qui osais la ternir d’un soupçon impur !

!… Je sors de ma cave… je ne fais ni une ni deux, j’ôte mes habits de noce… j’enfourche une de mes mules… et elle avait le trot d’un dur, cette mule !… mais d’un dur !… Entre nous, je crois que je suis entamé !… mais enfin je vais pouvoir me retremper au milieu de mon oncle et au sein de mon épouse !… Il n’y a donc personne dans cette maison !… (Il va pour s’asseoir et se relève aussitôt.) Aïe !… positivement, je suis entamé.

Il s’assied à droite.