vous demain, ne fera naître en moi que de l’inquiétude ; & le plaisir de vous voir, jusqu’alors si cher à mon cœur, sera remplacé par la crainte de vous être importun.
Déjà, je le sens, cette crainte m’arrête, & je n’ose vous parler de mon amour. Ce je vous aime, que j’aimais tant à répéter quand je pouvais l’entendre à mon tour ; ce mot si doux qui suffisait à ma félicité, ne m’offre plus, si vous êtes changée, que l’image d’un désespoir éternel. Je ne puis croire pourtant que ce talisman de l’amour ait perdu toute sa puissance, & j’essaie de m’en servir encore[1]. Oui, ma Cécile, je vous aime. Répétez donc avec moi cette expression de mon bonheur. Songez que vous m’avez accoutumé à l’entendre, & que m’en priver, c’est me condamner à un tourment qui, de même que mon amour, ne finira qu’avec ma vie.
Lettre XLVII.
Je ne vous verrai pas encore aujourd’hui, ma belle amie, & voici mes raisons, que je vous prie de recevoir avec indulgence.
- ↑ Ceux qui n’ont pas eu occasion de sentir quelquefois le prix d’un mot, d’une expression, consacrés par l’amour, ne trouveront aucun sens dans cette phrase.