des lettres que vous me demandez. Je suis vraiment peiné d’ajouter un refus aux torts que vous me trouvez déjà : mais, je vous en supplie, écoutez mes raisons, & daignez vous souvenir, pour les apprécier, que la seule consolation au malheur d’avoir perdu votre amitié, est l’espoir de conserver votre estime.
Les lettres de mademoiselle de Volanges, toujours si précieuses pour moi, me le deviennent bien plus dans ce moment. Elles sont l’unique bien qui me reste ; elles seules me retracent encore un sentiment qui fait tout le charme de ma vie. Cependant, vous pouvez m’en croire, je ne balancerais pas un instant à vous en faire le sacrifice, & le regret d’en être privé céderait au désir de vous prouver ma déférence respectueuse ; mais des considérations plus puissantes me retiennent & je m’assure que vous-même vous ne pourrez les blâmer.
Vous avez, il est vrai, le secret de mademoiselle de Volanges ; mais permettez-moi de le dire, je suis autorisé à croire que c’est l’effet de la surprise, & non de la confiance. Je ne prétends pas blâmer une démarche qu’autorise, peut-être, la sollicitude maternelle. Je respecte vos droits, mais ils ne vont pas jusqu’à me dispenser de mes devoirs. Le plus sacré de tous est de ne jamais trahir la confiance qu’on nous accorde. Ce serait y manquer que d’exposer aux yeux d’un autre les secrets d’un cœur qui n’a voulu les dévoiler qu’aux miens. Si mademoiselle votre fille consent à vous les confier, qu’elle parle ; mes lettres vous sont inutiles. Si elle veut, au contraire,