Page:Choderlos de Laclos - Les Liaisons dangereuses, 1869, Tome 1.djvu/208

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vous celui de ne pas vouloir pour votre amie, celle en qui vous avez désiré des sentiments plus tendres ? Je ne veux pas le croire : cette idée humiliante me révolterait, m’éloignerait de vous sans retour.

En vous offrant mon amitié, Monsieur, je vous donne tout ce qui est à moi, tout ce dont je puis disposer. Que pouvez-vous désirer davantage ? Pour me livrer à ce sentiment si doux, si bien fait pour mon cœur, je n’attends que votre aveu, & la parole que j’exige de vous, que cette amitié suffira à votre bonheur. J’oublierai tout ce qu’on a pu me dire ; je me reposerai sur vous du soin de justifier mon choix.

Vous voyez ma franchise. Elle doit vous prouver ma confiance. Il ne tiendra qu’à vous de l’augmenter encore : mais je vous préviens que le premier mot d’amour la détruit à jamais, & me rend toutes mes craintes ; que surtout il deviendra pour moi le signal d’un silence éternel vis-à-vis de vous.

Si, comme vous le dites, vous êtes revenu de vos erreurs, n’aimerez-vous pas mieux être l’objet de l’amitié d’une femme honnête, que celui des remords d’une femme coupable ? Adieu, Monsieur ; vous sentez qu’après avoir parlé ainsi, je ne puis plus rien dire que vous ne m’ayez répondu.

De… ce 9 septembre 17…