sez à me rendre malheureux ? eh bien ! soit ; essayez de lasser mon courage, je saurai vous forcer au moins à décider de mon sort ; &, peut-être, quelque jour, vous me rendrez plus de justice. Non que j’espère vous rendre jamais sensible : mais sans être persuadée, vous serez convaincue ; vous vous direz : Je l’avais mal jugé.
Disons mieux, c’est à vous que vous faites injustice. Vous connaître sans vous aimer, vous aimer sans être constant, sont tous deux également impossibles ; & malgré la modestie qui vous pare, il doit vous être plus facile de vous plaindre, que de vous étonner, des sentiments que vous faites naître. Pour moi, dont le seul mérite est d’avoir su vous apprécier, je ne veux pas le perdre ; &, loin de consentir à vos offres insidieuses, je renouvelle à vos pieds le serment de vous aimer toujours.
Lettre LXIX.
Vous me demandez ce que je fais : je vous aime, & je pleure. Ma mère ne me parle plus ; elle m’a ôté papier, plumes & encre ; je me sers d’un crayon, qui par bonheur m’est resté, & je vous écris sur un mor-