sirs. Le mari rentra. Le désolé Vressac, qui n’avait plus la liberté de répondre, s’adressa à moi ; & après m’avoir fort longuement conté ses raisons, que je savais aussi bien que lui, il me pria de parler à la vicomtesse, & je le lui promis. Je lui parlai en effet ; mais ce fut pour la remercier, & convenir avec elle de l’heure & des moyens de notre rendez-vous.
Elle me dit que, logée entre son mari & son amant, elle avait trouvé plus prudent d’aller chez Vressac que de le recevoir dans son appartement ; & que puisque je logeais vis-à-vis d’elle, elle croyait plus sûr aussi de venir chez moi ; qu’elle s’y rendrait aussitôt que sa femme de chambre l’aurait laissée seule ; que je n’avais qu’à tenir ma porte entr’ouverte & l’attendre.
Tout s’exécuta comme nous en étions convenus ; & elle arriva chez moi vers une heure du matin,
D’une beauté qu’on vient d’arracher au sommeil.
Racine, tragédie de Britannicus.
Comme je n’ai point de vanité, je ne m’arrête pas aux détails de la nuit : mais vous me connaissez, & j’ai été content de moi.
Au point du jour, il a fallu se séparer. C’est ici que l’intérêt commence. L’étourdie avait cru laisser sa porte entr’ouverte, nous la trouvâmes fermée, & la clef était restée en dedans : vous n’avez pas d’idée de l’expression de désespoir avec laquelle la vicomtesse me dit aussitôt : « Ah ! je suis perdue ! » Il faut con-