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LES LIAISONS

écrit. Par cet arrangement, d’une part, je deviendrai une récompense au lieu d’être une consolation ; & cette idée me plaît davantage : de l’autre, votre succès en sera plus piquant, en devenant lui-même un moyen d’infidélité. Venez donc ; venez au plus tôt m’apporter le gage de votre triomphe : semblable à nos preux chevaliers qui venaient déposer aux pieds de leur dame les fruits brillants de leur victoire. Sérieusement, je suis curieuse de voir ce que peut écrire une prude après un tel moment, & quel voile elle met sur ses discours, après n’en avoir plus laissé sur sa personne. C’est à vous de voir si je me mets à un prix trop haut ; mais je vous préviens qu’il n’y a rien à rabattre. Jusque-là, mon cher vicomte, vous trouverez bon que je reste fidèle à mon chevalier, & que je m’amuse à le rendre heureux, malgré le petit chagrin que cela vous cause.

Cependant, si j’avais moins de mœurs, je crois qu’il aurait dans ce moment un rival dangereux ; c’est la petite Volanges. Je raffole de cette enfant : c’est une vraie passion. Ou je me trompe, ou elle deviendra une de nos femmes les plus à la mode. Je vois son petit cœur se développer, & c’est un spectacle ravissant. Elle aime déjà son Danceny avec fureur ; mais elle n’en sait encore rien. Lui-même, quoique très amoureux, a encore la timidité de son âge & n’ose pas trop le lui apprendre. Tous deux sont en adoration vis-à-vis de moi. La petite surtout a grande envie de me dire son secret ; particulièrement depuis quelques jours je l’en vois vraiment oppressée, & je lui aurais