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LES LIAISONS

valier Danceny prétend que ce n’est pas mal du tout, & que presque tout le monde aime : si cela était, je ne vois pas pourquoi je serais la seule à m’en empêcher ; ou bien est-ce que ce n’est un mal que pour les demoiselles ? car j’ai entendu maman elle-même dire que madame D*** aimait M. M***, et elle n’en parlait pas comme d’une chose qui serait si mal ; et pourtant je suis sûre qu’elle se fâcherait contre moi, si elle se doutait seulement de mon amitié pour M. Danceny. Elle me traite toujours comme une enfant, maman ; & elle ne me dit rien du tout. Je croyais, quand elle m’a fait sortir du couvent, que c’était pour me marier ; mais à présent, il me semble que non : ce n’est pas que je m’en soucie, je vous assure ; mais vous, qui êtes si amie avec elle, vous savez peut-être ce qui en est, & si vous le savez, j’espère que vous me le direz.

Voilà une bien longue lettre, madame ; mais puisque vous m’avez permis de vous écrire, j’en ai profité pour vous dire tout, et je compte sur votre amitié.

J’ai l’honneur d’être, etc.

Paris, ce 23 août 17…

Lettre XXVIII.

Le chevalier Danceny à Cécile Volanges.

Eh ! quoi, mademoiselle, vous refusez toujours de me répondre ! rien ne peut vous fléchir ; et chaque