Page:Choderlos de Laclos - Les Liaisons dangereuses, 1869, Tome 1.djvu/98

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
92
LES LIAISONS

mour le plus tendre ; & vous l’aurez voulu, & ce sera votre ouvrage ! jamais, je le sens, je ne retrouverai le bonheur que je perds aujourd’hui ; vous seule étiez faite pour mon cœur ; avec quel plaisir je ferais le serment de ne vivre que pour vous ! Mais vous ne voulez pas le recevoir ; votre silence m’apprend assez que votre cœur ne vous dit rien pour moi ; il est à la fois la preuve la plus sûre de votre indifférence, & la manière la plus cruelle de me l’annoncer. Adieu, mademoiselle.

Je n’ose plus me flatter d’une réponse ; l’amour l’eût écrite avec empressement, l’amitié avec plaisir, la pitié même avec complaisance : mais la pitié, l’amitié & l’amour, sont également étrangers à votre cœur.

Paris, ce 23 août 17…

Lettre XXIX.

Cécile Volanges à Sophie Carnay.

Je te le disais bien, Sophie, qu’il y avait des cas où on pouvait écrire ; & je t’assure que je me reproche bien d’avoir suivi ton avis, qui nous a tant fait de peine, au chevalier Danceny & à moi. La preuve que j’avais raison, c’est que madame de Merteuil, qui est une femme qui sûrement le sait bien, a fini par penser