conséquence, je l’emmène à ma campagne. Nous partons après demain. Il n’y aura avec nous que quelques personnes désintéressées & peu clairvoyantes, & nous y aurons presque autant de liberté que si nous y étions seuls. Là, je le surchargerai à tel point d’amour & de caresses, nous y vivrons si bien l’un pour l’autre uniquement, que je parie bien qu’il désirera plus que moi la fin de ce voyage, dont il se fait un si grand bonheur ; & s’il n’en revient pas plus ennuyé de moi que je ne le suis de lui, dites, j’y consens, que je n’en sais pas plus que vous.
Le prétexte de cette espèce de retraite est de m’occuper sérieusement de mon grand procès, qui en effet se jugera enfin au commencement de l’hiver. J’en suis bien aise ; car il est vraiment désagréable d’avoir ainsi toute sa fortune en l’air. Ce n’est pas que je sois inquiète de l’événement ; d’abord j’ai raison, tous mes avocats me l’assurent ; &, quand je ne l’aurais pas, je serais donc bien maladroite, si je ne savais pas gagner un procès, où je n’ai pour adversaires que des mineurs encore en bas âge, & leur vieux tuteur. Comme il ne faut pourtant rien négliger dans une affaire si importante, j’aurai effectivement avec moi deux avocats. Ce voyage ne vous paraît-il pas gai ? cependant s’il me fait gagner mon procès & perdre Belleroche, je ne regretterai pas mon temps.
A présent, vicomte, devinez le successeur ; je vous le donne en cent. Mais bon ! ne sais-je pas que vous ne devinez jamais rien ? hé bien, c’est Danceny. Vous êtes étonné, n’est-ce pas ? car enfin je ne suis pas